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Le sexisme ordinaire : le ver est dans le fruit.

Alors que l’on communique très largement aujourd’hui sur les comportements sexistes explicites tels que les attouchements ou les situations de harcèlement ostentatoire, on est souvent peu sensibilisé à une autre forme de sexisme, plus insidieuse et plus sournoise, avançant à pas feutrés et dans l’ombre, mais tout aussi toxique à l’épanouissement professionnel des femmes : le sexisme ordinaire.

Le sexisme ordinaire correspond à l’ensemble des attitudes ou comportements fondés sur les stéréotypes de genre et qui vont conduire, consciemment ou non, à délégitimer les femmes.

En apparence anodin, il est difficile à identifier. Dans le milieu médical, il est même intégré dans la culture de l’hôpital. Il s’agit pourtant de réflexions jugées comme inappropriées par la plupart des femmes car infantilisantes ou infériorisantes. « Comment vas-tu ma petite ? », « Désolé, ma belle, je ne t’écoutais pas, j’étais trop occupé à regarder tes yeux »

Souvent empreint d’un paternalisme patriarcal, il peut parfois prendre le masque d’une fausse bienveillance. « Il est tard, tu dois sans doute aller t’occuper de tes enfants ? »

Il prend souvent comme excuse l’humour, pour forcer la tolérance, tout en diminuant la culpabilité de celui qui ose : « Qu’est-ce qui se passe, t’as tes règles ? »

Enfin, il stigmatise par des mots lourdement choisis qui impactent la confiance en soi et la crédibilité de certaines femmes au sein du groupe : « Cette nana, c’est une hystérique ! »

Ce dernier terme, faut-il le rappeler, est un terme médicalisé qui définit un état psychique situé dans le champ des troubles anxieux névrotiques. La femme est ainsi abaissée au rang de malade à soigner, et délégitimer dans sa position de soignante. C’est pourtant une porte de sortie facile, largement empruntée par nos collègues masculins pour s’extraire d’une situation indélicate en mettant définitivement fin à toute discussion d’égal à égal. Initialement très méfiante vis-à-vis de mes collègues féminines qualifiées d’« hystériques » (serait-ce contagieux ?…), je cherche aujourd’hui à savoir ce qui a pu amener un homme à utiliser toute la violence à laquelle renvoie ce qualificatif à l’encontre d’une de mes collègues féminines. Ne pas cautionner, ne pas concéder, parfois même contester ce discours en rappelant les qualités de celle qui est ainsi jetée en pâture. La bienveillance est un sport de combat.

Trop souvent banalisé, le sexisme ordinaire fait pourtant le lit des discriminations de genre contre lesquelles la société s’insurge aujourd’hui. Ne rien laisser passer, c’est la politique « Tolérance 0 », déjà largement appliquée dans certaines entreprises. Le véritable combat aujourd’hui est probablement celui à mener contre le sexisme ordinaire.

Dr Geraldine Pignot

3 Commentaires

  1. Enfin quelqu’un de bien et réfléchi ! Courage, il y a aussi des hommes (même médecins) qui pensent !
    Vous touchez évidemment une grande part du problème

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