Dans Fahrenheit 451, Ray Bradbury nous présente un monde où les livres ont été interdits et sont brûlés par les « pompiers » pyromanes. Dans cet univers de censure et de destruction des connaissances, la résistance de la culture s’organise pour faire face à la dictature de la pensée. Comme dans « 1984 » de George Orwell, cette œuvre est une critique de la société poussée à l’extrême, au sein de laquelle l’ignorance fait la force. La prophétie était-elle vraie ? Personne n’imaginait, il y a quelques mois encore, que nous serions dans une situation aussi orwellienne.
Il y a quelques semaines, Trump annonçait une série de mesures visant à mettre fin aux politiques Equité/ Diversité/Inclusion (EDI), jugées « woke » et portées par son prédécesseur. Ainsi, les programmes d’équité de genre, mais également d’équité raciale, ont été bannis et les entreprises américaines ont été poliment incitées à faire marche arrière. En surfant sur la crainte d’une discrimination positive qui mettrait fin à un système basé sur la méritocratie, en laissant croire que les candidats seraient recrutés en fonction de leur origine ethnique et de leur sexe sans tenir compte de leurs compétences, Trump utilise la peur comme une arme masculiniste. (Faut-il rappeler que la méritocratie n’existe pas et que les dirigeants actuels en sont un parfait exemple, malgré la faible diversité de genre et de culture qui règne actuellement dans nos instances ?)
Deuxième étape de la chasse aux sorcières du milliardaire républicain, supprimer les données à venir et existantes, qui permettraient de mettre en lumière les inégalités et discriminations genrées ou raciales. Car, ce qui ne se voit pas, n’existe pas. Et les financements de la recherche n’échappent pas à cette épuration. Un décret relatif à la science et à la technologie signe une réduction des financements de la recherche et la suppression de programmes clés. Dans un document transmis par la National Science Foundation, agence soutenant la recherche scientifique, une liste de 120 mots-clés ont été définis comme étant à bannir des demandes de subventions ; on y retrouve, sans surprise, les mots « femme », « préjugé », « discrimination », « équité », mais également « climat » et « justice sociale ». Cette purge idéologique qui commence à ronger la communauté médicale va pourtant à l’encontre des recommandations émises en janvier 2023 par le Groupe de travail inter-agences sur l’intégrité scientifique, interdisant l’ingérence politique dans la conception, la conduite, la gestion, l’évaluation et la communication de données, afin de garantir l’indépendance de la science.
Mais le machiavélisme va encore plus loin. Au nom de l’« abrogation woke », le système Trump vient de supprimer des milliers d’articles disponibles sur internet. Malgré la stupéfaction des scientifiques, non content de sabrer les budgets de recherche, les données qui dérangent sont tout bonnement supprimées. Comme partent en fumée les livres dans Fahrenheit 451, comme disparaissent les données qui amènent la connaissance, dans un silence assourdissant mêlant stupeur et abnégation… En faisant disparaitre les informations, en empêchant que de nouvelles données soient générées, laissant dans l’ignorance la société civile, l’administration Trump nous offre un autodafé digne des meilleures œuvres dystopiques. Sans données, plus de problème. Juste une vision déformée de la société au service de la pensée unique. L’idéologie trumpiste ne comporte pas d’inégalité, ni de victime.
La disparition des données dénoncées aujourd’hui par les chercheurs est un enjeu majeur, au-delà du simple continent américain. En affaiblissant la science, on laisse le champ libre aux politiques utopistes et déconnectées de la réalité, à la montée des populismes et à l’aveuglement de la société. Henri Laborit disait « L’ignorance et le conditionnement sont les vrais ennemis de l’homme, tant du prolétaire que du bourgeois. L’ignorance ne vient pas seulement de la difficulté que certains hommes rencontrent à s’instruire. Elle vient aussi du fait que l’homme ne cherche le plus souvent à connaître que ce qui satisfait ses désirs. Il cherche dans la connaissance la reconnaissance de ses pulsions primitives ou secondaires et interdites, une justification de ses jugements de valeur. Il ferme les yeux, atteint de photophobie quand la lumière de la vérité le frappe trop brusquement et éclaire les couches obscures de son inconscient. Il préfère l’alchimie à la chimie, le yoga à la physique moderne, et la politique à la neuro-psycho-biologie. »
Dans une récente correspondance dans Lancet1, Krieger N et Gruskin S dénoncent la « Suppression du genre par décret » et alertent sur les nouvelles mesures trumpistes qui mettent à mal la liberté et l’indépendance de la science. Ne laissons pas cet appel à l’aide sans réponse, continuons à œuvrer pour une société équitaire, à refuser la dictature de la pensée et l’obscurantisme.
1Krieger N et Gruskin S. Gender removal by fiat: impacts of new Trump administration edicts. Lancet 2025 Feb 7:S0140-6736(25)00243-0. doi: 10.1016/S0140-6736(25)00243-0.
Vous n’avez absolument pas conscience de ce que l’adminstration Biden a pu faire pendant 4 ans. La promotion du mensonge, le DEI partout niant la biologie, la discrimination positive qui n’est rien d’autre qu’une autre forme de racisme, favorisant la selection par la couleur, l’orientation sexuelle, les prises de position antisemites; l’obligation pour les medecins de faire un mea culpa de leur racisme, homophobie, transmophobie, islamophobie, etc. De toute evidence, vous ne vivez pas aux Etats-Unis. Voir l’Amerique au travers d’un prisme typiquement hexagonal vous empeche de considerer les mefaits de l’administration precedente dans tous les domaines, y compris scientifique et medical. Le financement et la promotion de la transmania a jete des momes encore plus dans la detresse avec des effets irreversibles, l’education a l’ecole avait pris un tournant extreme favorisant la prise en charge de l’enfant par un corps educatif aux idees communistes, refusant aux parents de dire leur mot et meme leur interdisant parfois d’etre presents dans les conseils de classe. Les gens ont vote pour retrouver certaines valeurs Americaines, contre le socialisme et pour retrouver leurs libertes. Leurs valeurs ne sont pas forcement les votres. C’est a respecter, aussi.
Une marche arrière était plus que nécessaire dans ce pays phare. J’espère que cela fera réfléchir nos esprits woko gauchistes et que nous ne connaîtrons jamais ces dérives que les US ont connu sous Obama puis Biden.
Certes nous ne vivons pas aux USA mais aller dans l’extrême inverse ne garanti en rien d’être dans le juste équilibre et surtout dans la bonne direction. Au contraire la négation systématique des données scientifiques est inquiétante dans la mesure ou elle ouvre la voie à des croyances, éventuellement pseudo-scientifiques incontrôlables.
Un grand MERCI à Guy Labete et Emile qui parviennent à me rassurer un tant soit peu sur la survie d’une lucidité et d’un bon sens chez certains d’entre nous qui ont échappé aux délires wokistes qui n’en finiront jamais de me consterner ! Trump aura au moins eu cet immense mérite de répondre aux attentes d’une majorité d’américains qui n’en pouvaient plus de cette dictature des minorités et de cette idéologie insensée ! Les universités américaines étaient un modèle de censure, de discrimination, d’intolérance, de bourrage de crâne, d’endoctrinement et de pensée unique ! Et vous osez parler de « liberté et d’indépendance » qui seraient mises à mal, de « dictature de la pensée et d’obscurantisme » ! Mon Dieu !, cette inversion permanente des valeurs et de la charge accusatoire chez les gauchistes est aussi affligeante que terrifiante tant elle relève de la folie pure !
J’espère que les deux premiers commentaires sont du second degré . Pour nous éclairer sur le « trumpisme » (mais pas que) , je conseille le livre très intéressant de Jason Stanley de Yale : « Les ressorts du fascisme » , très utile pour toutes et tous y compris ( et surtout ) ceux qui se laissent berner par certains de ces ressorts.
Malheureusement, je ne pense pas qu’il s’agisse de second degré… Merci pour votre commentaire et pour la référence au livre de Jason Stanley.