Simone de Beauvoir disait : « Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. »
Cette phrase résonne aujourd’hui sinistrement dans le contexte actuel de dissolution de l’assemblée et de nouvelles élections législatives. L’égalité professionnelle, érigée comme grande cause du quinquennat, est-elle en passe de devenir un pis-aller bancal dans la stratégie politique croulant sous le spectre des extrémismes ? La crainte est grande de voir régresser certaines avancées majeures, et stagner les promesses en cours.
Le 7 juin dernier, étaient reçus au Ministère de la Santé, plusieurs associations dont les associations d’étudiants, le CNG et les conférences de DG de CHU et de CH, afin d’émettre des propositions d’actions concrètes sur le sujet des VSS, sujet qui ne cesse d’agiter les milieux médiatiques (et de facto politiques) depuis la déflagration #MeToo à l’hôpital.
Il faut rappeler que les chiffres du nouveau Baromètre IPSOS de l’association Donner des Elles à la Santé sont éloquents* : si 80% des femmes déclaraient avoir été victimes de discriminations et comportements sexistes dans leur carrière, elles sont 39% à l’avoir été au cours des 12 derniers mois, preuve que le chemin à parcourir est encore long. Les hommes sont de véritables alliés pour avancer sur ces questions-là ; ils sont 56% à avoir eu connaissance de comportements sexistes au cours des 12 derniers mois, et sont plus enclins à en parler à leur hiérarchie (22% contre seulement 8% des femmes). Si la prise de conscience est réelle, l’omerta persiste et les sanctions sont encore insuffisantes.
Loin d’être satisfaite des premières mesures énoncées par le Ministère, l’association proposait notamment :
- La création d’une équipe nationale d’enquêteurs experts, pour venir à l’appui d’un établissement de santé en cas de signalement de Violences Sexistes et Sexuelles (VSS)
- La nécessaire formation aux VSS des managers et encadrants, mais aussi des membres constituant les conseils de discipline (pour le moment encore majoritairement masculins et sans formation spécifique sur le sujet)
- La transparence sur le circuit de décision et la publication annuelle du nombre de signalements reçus et des suites qui leur auront été données
- L’indépendance des sanctions disciplinaires et ordinales par rapport au circuit judiciaire. En effet, il est important de rappeler que la procédure juridique est longue et fastidieuse, avec un délai moyen de traitement de 7 ans, et moins de 3 signalements sur 10 faisant finalement l’objet de poursuites (70% seront classés sans suite, souvent par manque de preuves probantes). Cela ne doit pas retarder les décisions disciplinaires et ordinales, dont la liberté et l’autonomie devraient permettre la mise en place précoce de mesures de protection tout en assurant des délais de traitement plus adéquats.
Qu’en sera-t-il après les élections législatives ? Et dans quelle mesure ces axes de travail resteront-ils prioritaires ?
Parce que l’égalité professionnelle est l’affaire de tous, parce que résonnent en bruit de fond les valeurs d’équité et d’égalité des chances si chères à notre démocratie, parce que dimanche se décidera l’avenir de notre peuple et celui de la génération qui nous regarde encore décider pour eux, parce que nous avons un devoir de mémoire et de vigilance par rapport aux évènements internationaux qui font sans cesse reculer le droit des femmes, il faudra voter en notre âme et conscience et continuer à porter nos valeurs communes.
* Pour retrouver les résultats du Baromètre ISPOS : https://donnerdeselles.org/nos-actions/barometre/
gratitude pour la mention : »Les hommes sont de véritables alliés pour avancer sur ces questions-là » en effet il ne s’agit pas d’une croisade contre les hommes qui ont en effet je le pense un role déterminant. merci de le préciser