L’effroi… En plein cœur de l’été, alors que nos corps huilés s’exposent nonchalamment au soleil de la Côte d’Azur, j’ouvre le journal du 15 août 2021 et mon univers s’effondre. Ailleurs, à plusieurs milliers de kilomètres de mon monde (presque-)parfait, les talibans viennent de reprendre le pouvoir en Afghanistan et je sais au fond de moi ce que cela signifie pour les femmes de ce pays. Pourtant, autour de moi, le monde occidental baisse les yeux et passe à autre chose. Pire, cette issue était déjà connue de certains depuis le retrait des Etats-Unis quelques mois auparavant. Un an après, les violations des droits des femmes se multiplient ; aujourd’hui, les filles ne peuvent pas poursuivre leur scolarité au-delà de la sixième. Coupées de l’accès au savoir et privée de la liberté d’occuper l’espace, elles sont effacées insidieusement, réduites à l’invisibilité aux yeux du monde.
L’effroi à nouveau quand, le 16 septembre dernier, une jeune femme iranienne décède après avoir été sauvagement battue pour avoir porté l’hijab de façon inappropriée, levant le voile (sans jeu de mot) sur 40 ans de répression en Iran. Le courage de ces femmes qui, au prix de leur vie, défilent dans la rue et se coupent les cheveux en signe de contestation force le respect.
L’effroi… puis la honte. Une forme de culpabilité de se vouloir féministe dans un pays où nos droits sont acquis depuis des siècles. Féministe dans un pays où faire des études de médecine est accessible à tous, femmes comme hommes, et où la réussite professionnelle est à la portée de tous (malgré les biais et stéréotypes qui jalonnent encore le parcours…). Est-il encore légitime aujourd’hui de parler de discriminations et comportement sexistes à l’hôpital quand des femmes meurent sous le joug de la domination masculine dans d’autres contrées ? Et comment nos actions, ici, peuvent-elles aider les femmes là-bas ?
Pourtant, l’Histoire nous dit la dureté des combats gagnés et la fragilité des droits acquis, même dans les pays occidentaux. Le film « Simone, le voyage du siècle » nous rappelle, outre le fait qu’une femme politique peut être appelée simplement par son prénom (…), que le droit à l’IVG a été un long combat, finalement gagné grâce à la persévérance de Mme Veil prononçant l’un des discours les plus marquants de l’Assemblée Nationale. Mais il y a quelques mois, une décision retentissante de la plus haute juridiction des Etats-Unis fragilisait le droit à l’avortement pour les américaines, nous renvoyant à la citation Oh combien d’actualité de Simone de Beauvoir : « Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. »
Rester vigilante, là est donc la clé. Alors aujourd’hui, l’effroi fait place à la détermination. La détermination de continuer à mener, dans les pays occidentaux, les actions qui permettront aux femmes d’atteindre les postes à responsabilité, seule façon d’influencer les choix politico-sociétaux. C’est aussi, en augmentant la visibilité des femmes dans les médias, l’occasion de créer davantage de rôles modèles sur lesquels les espoirs des jeunes femmes du monde entier reposent. C’est enfin, un levier important pour soutenir les mouvements d’émancipation des femmes partout dans le monde, dans une forme de sororité humaniste, comme un écho assourdissant au besoin de liberté et d’égalité.
En France, ce mercredi 9 novembre, les députés ont validé en commission une proposition de loi constitutionnelle, premier pas vers l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution (cette proposition doit désormais être examiné dans l’hémicycle à la fin du mois). En Iran, les hommes descendent dans la rue et se mobilisent au côté des femmes dans un début de révolution contre l’oppression politique, tandis que les femmes du monde entier se coupe symboliquement une mèche de cheveux. En Afghanistan, les femmes attendent de retrouver un peu de liberté et d’avoir de nouveau accès au savoir… Invariablement, ne relâchons pas notre vigilance, et soutenons, sans réserve, les femmes d’ici et d’ailleurs.
https://drive.google.com/file/d/15dTO1rmg0Gne3jPEVKAEP6Qh9AfmlVB0/view?usp=sharing
Joli article. Bravo continuez
Bravo! On ne pouvait mieux dire